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1.7 - Réductions du nitrate et phosphate des fleuves français de Manche-Atlantique qui permettraient le retour des eaux côtières au Bon Etat Ecologique (A. Menesguen)

Alain MENESGUEN (Ifremer Brest, Unité DYNECO) - Réductions du nitrate et phosphate des fleuves français de Manche-Atlantique qui permettraient le retour des eaux côtières au Bon Etat Ecologique.

Menesguen2015Les eaux côtières françaises de Manche-Atlantique sont soumises depuis plusieurs décennies à d'importants apports en nutriments (azote, phosphore,...) par différents bassins versants. Ces apports enrichissent le milieu marin et provoquent chaque année des proliférations algales de deux sortes:
    - des "marées vertes" d'ulves très littorales, apparaissant vers le mois d'avril et perdurant jusqu'à la fin de l'automne, principalement dans des baies (Bretagne) ou lagunes (Arcachon) ; elles sont contrôlées par les apports azotés
    - des proliférations phytoplanctoniques d'espèces diverses (diatomées, dinoflagellés, prymnésiophycées) dont certaines peuvent être toxiques ; elles peuvent s'étendre largement sur le plateau continental, au gré des panaches de dilution des fleuves.

La Directive Cadre sur l’Eau (DCE 2000/60/CE) établit un cadre pour une politique communautaire et fixe des objectifs de préservation et de restauration de l’état des eaux côtières et estuariennes. L’objectif principal est d’atteindre d’ici à 2015 le Bon Etat (écologique et chimique) des différents milieux sur tout le territoire européen. La Directive Cadre Stratégie pour le Milieu Marin (DCSMM 2008/56/CE) reprend les mêmes objectifs, mais sur des régions marines plus vastes et vise le Bon Etat Ecologique général en 2020.  Par ailleurs, la commission OSPAR (convention d'OSlo et PARis) a établi une Procédure Commune d’évaluation du niveau d’eutrophisation qui aboutit à un classement de chaque région marine selon trois catégories : « zone sans problème », « zone à problème potentiel » et « zone à problème ». La France doit donc, pour ces différentes instances européennes, évaluer régulièrement l'état de ses eaux côtières, et proposer des scénarios de diminution des apports terrigènes de nutriments aptes à ramener le Bon Etat Ecologique dans la plus grande partie de ces zones côtières.
La modélisation mathématique du cycle de l'azote et du phosphore dans les écosystèmes côtiers permet de quantifier l'effet, sur les descripteurs de l'eutrophisation, des apports en mer issus des principaux bassins versants français de la façade Manche-Atlantique. Une fois validés sur la situation actuelle par comparaison à des séries de mesures, les modèles peuvent être utilisés pour calculer un scénario de réduction des apports en nitrate et phosphate permettant de se rapprocher au meilleur rapport efficacité/coût du Bon Etat Ecologique.
Pour les "marées vertes", la modélisation des principales baies touchées en Bretagne conduit à préconiser 10 mg/L comme valeur-guide du nitrate dans les petits fleuves côtiers responsables.  
Pour les proliférations phytoplanctoniques, une simulation globale des panaches de dilution en mer des 45 plus grands bassins versants débouchant sur la façade Manche-Atlantique a permis de déterminer, en tout point du plateau continental, la part d'enrichissement redevable à chaque fleuve, puis d'en déduire l'ensemble des 45 valeurs-guide "nitrate" qui assurerait le maintien au moindre coût des concentrations hivernales en nitrate et phosphate, puis de maxima estivaux de phytoplancton, compatibles avec le Bon Etat Ecologique. Si on souhaite ramener simultanément toute la façade Manche-Atlantique en dessous des seuils de Bon Etat en nitrate et en phytoplancton, les grands fleuves (Garonne et Dordogne, Loire et Seine) requièrent un abattement élevé du nitrate (>60%) en raison de la grande taille de leurs "bassins récepteurs", alors qu'on pourra se contenter d'un abattement très faible, voire nul, sur plusieurs très petits fleuves côtiers (Bresle, Arques, Yar-Douron, Haute-Perche, Falleron, Sallertaine, Vie, Seudre). Pour assurer le Bon Etat en phosphate, seule la Seine parmi les 4 grands fleuves (Garonne et Dordogne, Loire et Seine) requiert un abattement élevé du phosphate (>40%) en raison de la forte concentration de ce fleuve, alors qu'on pourra se contenter d'un abattement faible (10 à 20%) sur les 3 autres grands fleuves. Il n'y a plus besoin d'abattement pour les petits fleuves.
Les objectifs "nitrate" et "phosphate" à préconiser pour chaque fleuve seront les minima des seuils requis respectivement pour les "marées vertes" et le phytoplancton.

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