3.1- Ajustement de la fertilisation azotée des principales cultures (J.-M. Machet)
Jean-Marie MACHET, ingénieur de recherche (INRA Laon-Mons – 02) - Ajustement de la fertilisation azotée des principales cultures
La fertilisation azotée apportée à une culture a pour objectif de compléter les fournitures en azote du milieu pour assurer une nutrition azotée optimale de cette culture, permettant d’atteindre une bonne qualité marchande. De plus, des objectifs environnementaux doivent être visés : il est nécessaire de minimiser la quantité d’azote minéral dans le sol à la récolte, les pertes gazeuses et la lixiviation des nitrates. L’évolution des pratiques culturales, corollaire d’une gestion plus durable conduit, dans nos agro-systèmes, à une augmentation et une diversification des apports organiques (résidus de récolte, déchets, cultures intermédiaires, etc.) et de leurs modalités d’apport aux sols. Il est crucial de pouvoir prévoir non seulement la valeur fertilisante de ces produits mais aussi leur dynamique de minéralisation nette. Il ne suffit plus non plus de calculer avec précision la dose totale d’engrais, mais il faut adapter les dates d’apport d’engrais et plus généralement l’offre du milieu à la demande en azote du peuplement végétal.
Il y a donc nécessité de faire évoluer les préconisations de fertilisation azotée des cultures. Ces préconisations doivent intégrer des modèles dynamiques (prise en compte des dates de restitutions d’apports organiques et de stratégies de fractionnement de l’engrais azoté), prendre en compte la diversité des sources d’azote organiques et minérales et les modalités de leur gestion, quantifier si possible les conséquences environnementales des choix effectués en matière de fertilisation azotée.
La méthode du bilan de masse prévisionnel constitue le socle commun du raisonnement pour le calcul de la dose d’engrais. Une meilleure connaissance des déterminants de la minéralisation nette d’azote des matières organiques et de la dynamique de l’azote de l’engrais apporté aux cultures permet de proposer une nouvelle écriture du bilan prévisionnel. D’un bilan statique, il devient dynamique en simulant au cours du temps, la fourniture d’azote par le sol et les différentes sources organiques, en utilisant le concept de « temps normalisé ». Les différents processus déterminant la disponibilité de l’azote des engrais, comme la volatilisation d’ammoniac et l’organisation microbienne, sont intégrés. Cette évolution constitue la base de la méthode Azofert.
Pour certaines cultures, des outils de pilotage de la fertilisation azotée ont été définis sur la base d’une association « diagnostic de nutrition azotée d’un couvert végétal – règles de décision ». Pour les prairies, des références sont proposées pour l’ajustement de la fertilisation azotée.