3 - Compromis entre pompage, impact du climat et préservation des milieux (A. Armandine Les Landes)
Antoine ARMANDINE LES LANDES, doctorant, UMR Géosciences, Université de Rennes 1 (35) - Le compromis nécessaire entre prélèvements anthropiques, impact du changement climatique et préservation des milieux.
Le fonctionnement hydro(géo)logique d’un bassin est dans un premier temps très dépendant de la quantité d’eau reçu durant l’année, donc du climat. Ce fonctionnement peut être perturbé par des activités anthropiques (comme des prélèvements pour l’alimentation en eau potable) mais aussi par le changement climatique qui agit directement sur la recharge et l’extraction d’eau par la végétation. Ces perturbations peuvent donc entraîner des modifications du fonctionnement hydrogéologique et à terme impacter le fonctionnement des écosystèmes. Les tourbières sont des écosystèmes complexes qui peuvent être une importante source de CO2 puisqu’elles constituent une grande réserve de carbone, il est donc important de permettre leur pérennité.
L’étude de l’impact respectif du changement climatique et de l’exploitation de la ressource en eau souterraine sur l’étendue des zones humides, a été réalisée par modélisation numérique des flux d’eau entre la zone humide et l’aquifère sous-jacent, sur une zone de 135km² au sein du Parc Naturel Régional des Marais du Cotentin et du Bessin (Nord-ouest de la France). Pour le climat, 14 Modèles de Circulation Générale (GCMs) ont été extraits de la base de données de l’IPCC (GIEC) de 2007 correspondant au scénario d’émission A1B, selon une méthode statistique de réduction d’échelle.
Concernant la gestion des pratiques, différents scénarios d’augmentation de pompage ont été définis selon l’évolution des besoins en eau et de management possible. Dans le but de préserver l’étendue de ces zones humides et de réduire l’impact des pressions anthropiques et climatiques, une solution de management a été testée, par couplage avec les différents scénarios d’évolution possibles. L’effet du climat engendre une réduction de la surface des zones humides (de -5 à -15%) et reste toujours plus important que l’impact des pompages (de 0 à -5%). La solution de gestion envisageable qui viserait à stopper les pompages au sein de la tourbière permettrait de réduire la perte de zones inondées, voire même de compenser totalement celle-ci pour le scénario climatique le plus favorable. D’autre part, le modèle aura permis de mettre en évidence que durant les 60 dernières années jusqu’à nos jours, l’effet combiné des activités anthropiques est responsable d’une baisse de niveau d’eau de 40 à 90 cm dans les zones humides.
La gestion de la ressource en eau nécessite donc de faire un compromis entre les prélèvements anthropiques, l’évolution du climat et la préservation des milieux.