3- Un exemple de diagnostic Phosphore sur le bassin versant de Yvel-Hyvet (L. Guichard)
Laurence GUICHARD, chargée de mission au Syndicat du Grand Bassin de l’Oust (GBO – 56 Ploërmel) - Un exemple de diagnostic « phosphore » sur le bassin versant de l’Yvel-Hyvet.
La retenue d’eau du Lac au Duc, située à Ploërmel, dans le Morbihan, connaît chaque année des problèmes d’eutrophisation (prolifération de cyanobactéries) liés à sa charge en phosphore. En 2009, le Grand Bassin de l’Oust a réalisé une étude visant à identifier les sous-bassins les plus contributeurs, à identifier les sources (ponctuelles/diffuses et leur origine : agricoles, industrielles ou liées à l’assainissement) et enfin à proposer des actions correctives adaptées.
La première étape a été d’exploiter la chronique datant de plus de dix ans des analyses de phosphore total sur le bassin (cours principal de l’Yvel et affluents) afin de calculer des flux de phosphore sur chaque sous-bassin.
La recherche des sources de phosphore démarre par les sources les plus facilement identifiables, c’est-à-dire les sources ponctuelles. Sept stations d’épuration et lagunages (d’une capacité globale d’environ 11 000 Eh) rejettent leurs eaux dans le bassin de l’Yvel-Hyvet. Le travail à partir des données des SATESE permet d’estimer leur contribution dans le flux total qui arrive dans la retenue, même si ce chiffre est parfois contesté.
La contribution de l’assainissement individuel est elle aussi évaluée. Les résultats des SPANC, synthétisés pour les 3272 habitations du bassin, estiment le nombre d’installations présentant un « risque » pour l’environnement dans leur fonctionnement.
Les sources diffuses sont par nature encore plus complexes à localiser et quantifier. Plusieurs facteurs ayant un rôle sur le transfert du phosphore depuis les parcelles agricoles ont été étudiés, sur chaque sous-bassin : teneur en phosphore du sol, en matière organique, densité de bocage, de zones humides, part de prairies temporaires et permanentes dans l’assolement,….
Aucun facteur n’est en corrélation directe avec la contribution en phosphore d’un sous-bassin : le transfert du phosphore est lié à une somme de facteurs aggravants.
Quant aux pratiques agricoles de fertilisation, elles ont été étudiées à partir des données individuelles (Cahiers de fertilisation) des exploitants, mais elles ne sont pas pour l’instant représentables cartographiquement. L’analyse se fait plutôt selon le type d’exploitation, le type de culture,…
Les autres pratiques agricoles (comme le labour, le travail simplifié du sol, la couverture des sols,…) peuvent être prises en compte à l’échelle de la parcelle, ce qui nécessite un temps d’investigation particulièrement long. Ce travail a été réalisé dans le cadre de l’étude sur un seul sous-bassin.
L’ensemble de ces éléments permet de hiérarchiser des actions à mettre en place : réimplantation de bocage, maintien des zones humides, travail avec les agriculteurs sur les pratiques de fertilisation,… L’amélioration de l’assainissement, individuel et collectif, est aussi indispensable. Seule la mobilisation de tous les acteurs permettra de réduire les flux de phosphore qui entrent dans la retenue.